L’histoire du quartier des Banchais
L'histoire
du quartier des banchais
> Toponymie
D’après l’historien Célestin Port, le nom « Banchais » remonte à une mention du XIe siècle dans le cartulaire de Saint-Serge. À l’époque, le lieu était désigné sous le nom de « Boschittus Villa », qui signifie littéralement « villa des bosquets ». Au fil des siècles, ce nom a évolué sous différentes formes, telles que « Bosquitus » (1095), « Banchez » (1230), « Bancheta » (1297), « Villa de Banchetis » (1333), « Banchetz » (1474), et enfin « Banchets » à la fin du Moyen Âge. L’appellation « Banchais » fait donc référence à un territoire boisé.
> La forêt originelle
Au Xe siècle, une vaste forêt s’étendait des portes d’Angers jusqu’au Loir. Il s’agissait de la forêt de Verrières, un imposant massif forestier s’étendant de la Loire au Loir et au-delà, jusqu’à Daumeray. Cette forêt encerclait étroitement Angers, notamment au nord-est, dans un faubourg appelé les Banchets ou Bauchets, en référence à une église ou chapelle autrefois construite à la lisière des bois (mentionnée sous « Bosquitus » en 1095).
Vers l’an 1000, avec l’augmentation de la population, la France connaît une grande période de défrichement, initiée par les seigneurs et les ecclésiastiques. La forêt de Verrières disparaît rapidement, remplacée par des landes, qui seront elles aussi défrichées par la suite. C’est ainsi que plusieurs paroisses voient le jour, notamment Saint-Sylvain, puis Villevêque au bord du Loir, Pellouailles au XIIIe siècle, ainsi qu’Ecouflant, Saint-Barthélemy, Andard, Brain et Trélazé.
De cette ancienne forêt, seuls subsistent quelques toponymes comme la ferme-château de Verrières et des lieux-dits tels que « La Forêt » à Andard, « Les Petites Landes » à Brain, ou encore « Les Landes ». La chapelle des bosquets fut quant à elle donnée par l’évêque Rainaut vers l’an 1100 à l’abbaye de Saint-Serge avec toutes les dépendances de « Boschittus Villa ».
Le nom de « Verrières » proviendrait probablement des anciennes verreries qui utilisaient le sable de Loire et le bois de la forêt. On retrouve d’ailleurs les lieux-dits « Petits » et « Grand Verrières » sur le territoire de Saint-Barthélemy. Ces verreries ont contribué à la déforestation, nécessitant 200 kg de bois pour produire 100 kg de verre, avec une préférence pour le hêtre, dont la cendre contenait de la potasse et de la chaux, indispensables à la fabrication du verre.
> La voie romaine
Il est fort probable qu’une voie romaine secondaire traversait la forêt de Verrières. Célestin Port mentionne à ce sujet que, concernant Pellouailles, « aucune trace antique n’est notable, si ce n’est le passage de la grande voie d’Angers ». Il est plausible que cette voie, reliant Angers au Mans, passait par la rue Haute des Banchais, puis par la route de Provins à Eventard, traversant l’actuel parc des expositions et l’autoroute avant de rejoindre Pellouailles via l’Épervière et le Tertre.
Sous l'Ancien Régime
> Un hameau discret
Au fil des siècles, peu d’écrits mentionnent le hameau des Banchais, alors rattaché à la paroisse Saint-Samson (dont l’église se situe aujourd’hui dans le Jardin des Plantes). Au XVIe siècle, son principal domaine n’était plus qu’une closerie, soit une petite exploitation agricole de moins de 10 à 15 hectares.
La Croix des Banchais, aujourd’hui située à l’intersection de la rue Haute et du passage des Banchais, a été déplacée au XXe siècle. À l’origine, elle se trouvait plus en avant, au milieu de la placette du village, à l’emplacement actuel du n°311. Cette croix de carrefour marquait autrefois la limite nord-est de la ville d’Angers, tout comme la Croix Blanche, la Croix d’Orléans et la Croix Verte qui délimitaient la banlieue à l’est et au sud. La croix actuelle est une réplique moderne de l’originale, datant probablement du règne de Louis XI (1461-1483), ornée de fleurs de lys.
> La Fronde à Angers
En 1652, le quartier des Banchais fut témoin d’un épisode de la Fronde. Le duc de Rohan, gouverneur de l’Anjou, s’allia au prince de Condé contre Louis XIV. Le 25 janvier 1652, des soldats royaux arrivèrent aux Banchais, mais furent interceptés par les gardes du duc et contraints de rebrousser chemin vers Saumur. Le 10 février, la ville d’Angers fut assiégée par les troupes de Mazarin, et le 23 février, le duc de Rohan capitula, épargnant ainsi la ville d’un sac.
> L'évolution des routes
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la route reliant Angers à Paris via Le Mans passait par les Banchais. Cette route, étroite et boueuse, rendait difficile le passage des voitures chargées. En 1758, un projet de rectification fut lancé pour améliorer la voie, notamment dans le tronçon entre Angers et le Moulin de la Lieue. Ces travaux furent achevés en 1760, et la nouvelle route fut tracée entre le faubourg Saint-Michel et Pellouailles.
Du XVIIIe au XIXe siècle
> Les anecdotes de l'époque
En septembre 1698, un fait divers tragique survint aux Banchais : le fils d’un conseiller du présidial d’Angers, en état d’ivresse, tua un homme d’un coup de fusil après une altercation dans un cabaret local. Quelques années plus tard, en 1714, un loup enragé venant des Banchais sema la panique dans Angers, mordant plus de 60 personnes, comme le rapporte un chanoine de l’époque.
> L’urbanisation et les closeries
La carte de Cassini de 1763 montre un chemin des Banchais traversant encore champs et vergers, ponctué de closeries comme Le Fresne, La Porte aux Chats et La Chesnaie. Au XIXe siècle, cette zone rurale se compose de closeries aux noms encore utilisés aujourd’hui, tels que Les Chesnais, La Croix Blanche, Les Mortier et Le Pigeon.
La « pomme des Banchais » était une variété cultivée jusqu’au milieu du XIXe siècle, décrite comme un fruit de 8 à 9 cm de diamètre, à chair légèrement acide, très appréciée et se conservant jusqu’en février.
L'urbanisation au XXe siècle
> Le développement industriel et résidentiel
L’arrivée du chemin de fer en 1863 marqua le début de l’urbanisation des Banchais. Le quartier se transforma progressivement au fil des décennies, notamment avec la construction d’usines et de résidences. La ligne ferroviaire Angers-Le Mans divisa l’ancienne route de Paris en deux tronçons : la rue des Banchais et le chemin des Banchais.
À partir des années 1950, l’urbanisation s’accéléra. Le boulevard Gaston Birgé fut construit entre 1955 et 1960, à la place d’anciens champs maraîchers. L’usine Thomson ouvrit ses portes en 1957, tandis que des cités comme Jean Michel (1954) et les résidences Croix Blanche et Pasteur (1950s) virent le jour.
> La vie de quartier
Jusqu’à la fin des années 1970, les Banchais conservaient un mode de vie rural. Les habitants se fournissaient en produits locaux à la coopérative du quartier, tandis que des fêtes de village et des kermesses animaient le quotidien. La garderie du quartier, gérée par des sœurs, accueillait jusqu’à 80 enfants, mais ferma en 1975 faute de financement.
Transformations récentes
> Un quartier en mutation
Aujourd’hui, le quartier des Banchais continue d’évoluer. Le square Maurice Geslin a été réaménagé en 2020 avec des espaces verts et des arbres fruitiers. La fermeture de l’usine Thomson en 2013 a laissé une friche industrielle sur le boulevard Gaston Birgé, mais les habitants continuent à animer le quartier avec des événements comme la Fête de l’Été.
En l’espace de quelques décennies, le quartier des Banchais est passé d’une zone rurale à un espace urbanisé, tout en conservant des vestiges de son histoire ancienne à travers ses toponymes et ses lieux emblématiques.